42
Les Spectacles de la Foiré.
de Laprairie, fa mère, rue Villedo, et qu'un jour cette petite fille cn ayant été maltraitée, elle fit fon paquet et fe réfugia chez ledit fleur Audinot, fon pére. Enfin dépofe qu'ayant fuivi ledit Audinot et ladite femme Laprairie, il a toujours remarqué que ladite fille Audinot, nommée Eulalie, avoit reçu une éducation commune de fés père et mère et qu'il a toute la certitude poffible quc cette petite fille ed Ia même que celle qu'il a tenue fur les fonts dc baptème.
Signé : Alizon ; Joron.
Sieur Jean Eftève, chirurgien privilégié, demeurant à Paris, grande rue du faubourg Saint-Denis, paroiffe Saint-Laurent, âgé de 60 ans, etc. : Dépofe que depuis près de 40 ans il a toujours demeuré grande rue du faubourg Saint-Denis ; que là il a été dans Ie cas dc faire connoiffanec avec tous les acteurs ct actrices de l'Opéra-Comique, qui fe tenoit à la foirc.Saint-Laurcnt. Qu'il y a pareillement connu ledit Audinot alnfi que ladite femme Laprairie, qui paiToit pour fa femme; que c'étoit vers l'année 1756. Que tous deux ont demeuré grande rue du faubourg Saint-Denis pendant huit à neuf ans. Que pendant cc tcms-là il n'a ceffé de les voir comme leur chirurgien. Qu'ils cohabitoient et vivoient enfemble dans la même maifon comme mari et femme et qu'ils mangeoient à la même table. Qu'ils avoient avec eux dans la même maifon une petite fille qu'ils appeloient Eulalie et qu'ils difoient être leur fille. Plus qu'il a connoiffanec que ladite femme de Laprairie a quitté la maifon dudit fleur Audinot, au faubourg Saint-Denis, environ un an avant que ledit Audinot établît fon théâtre fur le boulevard du Temple. Qu'il a continué jufqu'à ce jour d'être le chirurgien de tous deux. Qu'il a plufieurs fois faigné ladite femme de Laprairie dans l'appartement qu'elle a occupé rue Villedo en quittant ledit Audinot et qu'elle occupe encore actuellement. Qu'il . y a vu ledit Audinot et croit y avoir vu la petite Eulalie. Qu'il a pareillement vu dans la maifon dudit fleur Audinot ladite femme de Laprairie et ladite Eulalie Audinot. Plus dépofe qu'il a entendu dire vaguement, environ un an avant que ladite femme de Laprairie eût quitté ledit Audinot, qu'ils n'étoient pas mariés et que le mari de ladite femme de Laprairie vivoit encore. Plus dépofe que depuis ledit fleur Audinot et ladite femme de Laprairie lui ont dit plufieurs fois, chacun féparément, i titre de converfation, qu'ils n'étoient pas mariés enfemble quoiqu'ils euffent vécu longtems comme mari et femme. Plus que ledit Audinot lui a dit que ladite Eulalie Audinot étoit fille de lui et dc ladite femme de Laprairie et enfin que ladite femme de Laprairie, demeurant actuellement rue Villedo, eft la méme qu'il a connue pendant huit ou neuf ans rue'du faubourg Saint-Denis, fous le nom de madame Audinot, demeurant ct vivant avec lui comme fa femme.
Signé : Estève ; Joron.
Meffire Jacques-Amable de Bourzeis, docteur en médecine et confeiller aulique de Son Alteffe féréniffime M. le Margrave régnant de Brandebourg,